La forêt et nous
En bon Hominidé, Sapiens tire ses origines de la forêt avant d’avoir ensuite grandi dans la savane. La forêt, c’est en quelque sorte notre « matrice originelle ». C’est de là que nous venons.
Nous sommes une part de la forêt, même si nous l’avons progressivement oublié d’âge en âge.
« Nous ne défendons pas la forêt, nous sommes la forêt qui se défend. » John Seed
La science s’intéresse -enfin ! à la forêt et valide ses bienfaits
A l’ère techno-industrielle où nous accélérons la destruction de cette matrice avec des moyens prodigieux, et où il ne reste que quelques pour-cents de la forêt primaire mondiale, la science s’intéresse soudain à son fonctionnement et aux relations entre elle et nous.
Et elle ressent le besoin de démontrer ce que notre bon sens nous dictait depuis la nuit des temps, à savoir que la forêt est bénéfique pour nous. A la fois pour notre organisme (notre corps physique) mais aussi pour notre psyché (corps énergétique, émotionnel, mental) et notre âme (cf. l’article précédent sur "l’Appel intérieur").
Comme partout où la recherche scientifique met de l’énergie, elle trouve. Et non seulement elle confirme le pouvoir de guérison de la forêt (merci !), mais en cherchant les raisons de cette capacité à nous soigner, elle effectue de formidables découvertes.
Voici un état de l’art actualisé des résultats des recherches scientifiques.
Bienfaits physiologiques et bienfaits psychologiques : comment a-t-on mesuré les résultats ?
Les recherches sont nées en parallèle de l’émergence des Shinrin-yoku (bains de forêt) au Japon au début des années 80. Les scientifiques ont voulu en savoir d’avantage sur le lien de cause à effet entre passer du temps en conscience en forêt, et les résultats physiologiques constatés. Après des travaux préliminaires, c’est en 2004 que les recherches approfondies ont commencé sous la houlette du Docteur Qing Li. Depuis, le réseau de chercheurs s’est étendu dans d’autres pays notamment anglo-saxons (dont USA et Royaume-Uni).
Ils ont mesuré des données objectivisables relatives aux effets et les ont comparées avec des échantillons de population de contrôle qui ne pratiquaient pas de Shinrin-yoku.
Quelques exemples de grandeurs : le stress (taux de cortisol dans le sang), la tension artérielle, la concentration en cellules NK (Natural Killers), des globules blancs spécifiques du système immunitaire qui permettent de diminuer les risques de maladies dégénératives à long terme comme le cancer.
Ou encore le nombre d’heures de sommeil (et la profondeur de ce sommeil), la fréquence cardiaque, l’activité du système nerveux parasympathique (qui régule la désactivation des fonctions hormonales, donc qui favorise la détente) et celle du système nerveux sympathique, qui régule au contraire l’activation des fonctions, soit une augmentation de la vigilance sinon du stress.
En parallèle, des études sur la douleur physique ou la durée de guérison des patients des hôpitaux ont été menées, en lien avec la vue depuis la fenêtre de leur chambre (sur un mur ou sur des arbres).
Enfin sur le plan plus psychologique, les sentiments d’énergie, de bonheur, de bien être, de gratitude, de jeunesse, de connexion et même de richesse ont été mesurés, d’après des enquêtes comparatives sur des échantillons de personnes tests et contrôle. Le taux de cytokines pro-inflammatoires a été mesuré en même temps : ce sont des protéines indiquant au système immunitaire de renforcer son activité et dont le taux augmente lorsque nous ressentons des émotions positives générées par exemple par le spectacle de la nature (et plus généralement la beauté et le sentiment de reliance).
Les études démontrent toutes la même chose : les "grandeurs physiques" et les "indicateurs subjectifs statistiquement moyennés" vont dans le sens d'une amélioration de la santé quand nous sommes exposés à un ou plusieurs éléments de la forêt.
Comment c'est possible ? A la recherche des causes
Pour identifier les responsables de ces bienfaits, les chercheurs ont mesuré des éléments objectivables comme la concentration dans l’air de certaines molécules - des molécules qu’on trouve dans l’air des forêts les plus réputées pour leurs effets sur la santé des pratiquants de bains de forêt.
Quelques exemples :
Ils ont ensuite isolé chaque élément et ont observé les effets sur les organismes d’une exposition à ces éléments.
Ils ont également mesuré le taux d’oxygène en ville et en forêt, le taux de microparticules en ville et en forêt, les longueurs d’ondes de la lumière en forêt, le taux de certaines bactéries nocives dans l’air, ainsi que le taux de certaines bactéries bénéfiques dans la terre (ex : Mycobacterium vaccae, qui agit comme un antidépresseur).
A force d’isoler les éléments, ils ont pu comprendre progressivement pourquoi la forêt apportait autant de résultats tangibles sur la santé.
Là encore, le niveau de stress diminue et la créativité explose, car le cortex est libéré pour autre chose que la satisfaction des besoins primaires de la pyramide de Maslow. Ce sentiment de sécurité augmente encore le sentiment de détente, et donc une baisse de la pression artérielle, du rythme cardiaque et du taux de cortisol. Et la bactérie Mycobacterium vaccae, omniprésente dans les sols des forêts, en rajoute encore une couche.
Après une immersion en forêt, le taux de cortisol a baissé et reste bas. Il remonte en ville, mais lentement. Autrement dit, avec des immersions régulières en forêt, il peut être maintenu bas durablement.
Des études récentes ont démontré que notre cortex fonctionnait à capacité optimale si nous marchions 14 km par jours !! Les employés qui sont assis dans des open space toute la journée ne bénéficient pas de cet optimum.
La forêt nous rend clairement plus intelligents. Cela a même pu être mesuré, et notre capacité à résoudre des problème et notre créativité augmentent d’environ 50 %, ce qu’ont bien compris les organisateurs de séminaires « au vert », de team building en forêt ou de réunions en marchant.
Le sentiment de gratitude augmente et en parallèle notre égo diminue - et avec lui nos monologues intérieurs négatifs, nos croyances limitantes et les peurs créées par notre mental incessant.
Même sous forme d’images en 2D, la forêt nous rend plus empathiques. Non seulement elle développe notre intelligence cognitive, mais aussi notre intelligence émotionnelle !
S'immerger parmi les arbres pour soigner le burn-out
La forêt agit comme anti-dépresseur de manière directe (Micobacterium vaccae, lumières vertes, phythoncides) ou indirecte (gratitude, émerveillement, reliance). Elle augmente l’énergie, le sentiment de bien-être, de détente et l’estime de soi.
Récupérer d'un burn out : les sujets proches d’un burn-out ou qui viennent d’en déclencher un sont spécifiquement déprimés et avec des niveaux de confiance, sécurité et d’estime d’eux-mêmes proches de zéro. Même leur corps a disjoncté et leur système immunitaire est en quarantaine. Ils ne peuvent plus faire d’activités de plein air de type sports « à sensations » qui « lavent la tête ». Cette « médecine » est devenu hors d’atteinte de ce qu’ils peuvent faire.
Par contre, prendre un bain de forêt durant lequel ils vont marcher tout au plus 2 km en trois heures et se connecter en douceur à la forêt par leurs sens est un remède fortement indiqué pour soigner le burn out. Ils vont retrouver de l’énergie, une capacité à s’émerveiller, un sentiment de sécurité et de la confiance en eux, en même temps que leur corps va se régénérer.
Prévenir le burn out : à noter tout de même que l’effet est plus puissant en mode préventif que curatif, car nous sommes bien moins réceptifs une fois que le burn-out s’est déclaré officiellement.
En revanche, la forêt et les bains de forêt n’ont pas à être utilisés pour augmenter la résistance au burn-out. Cela serait contre-productif et absolument non éthique.
Enfin même si vous êtes loin de faire un burn-out, une immersion consciente en forêt ne pourra que vous faire du bien. Avec l’aval de la science !
Par Serge Mang-Joubert
- Guide en sylvothérapie / facilitateur en forêt
Complément d'Intentionné
La sylvothérapie (ou "bain de forêt") fait l’objet de nombreuses recherches scientifiques ces dernières années, et plusieurs méta-analyses confirment ses bienfaits sur la santé mentale et certains paramètres physiologiques.
Recherches et synthèses scientifiques
- Une méta-analyse de 2024, basée sur 85 études, conclut que, par rapport aux groupes témoin urbains, la sylvothérapie réduit la pression artérielle (systolique et diastolique), ralentit la fréquence cardiaque, diminue le cortisol salivaire (hormone du stress) et les marqueurs inflammatoires sanguins, tout en augmentant l’activité du système nerveux parasympathique (source de relaxation). Ces différences sont statistiquement significatives.
- Les effets positifs sont confirmés même avec des durées courtes (20 minutes ou plus). Des études utilisant l’imagerie cérébrale montrent un impact direct positif sur les régions du cerveau impliquées dans la gestion du stress, effets absents après une promenade en ville.
- Au Japon, où la pratique est institutionnalisée depuis les années 80, il est démontré que le bain de forêt diminue le stress, les syndromes dépressifs, améliore la qualité du sommeil, l’asthme, les maladies broncho-pulmonaires, réduit la glycémie et stimule les cellules immunitaires protectrices.
Mécanismes avancés
- Les arbres libèrent dans l’air des composés odorants appelés phytoncides (et terpènes) qui agissent sur le système nerveux central, modulent la sécrétion de sérotonine et dopamine (hormones du bien-être), et possèdent des propriétés anti-inflammatoires et antibactériennes.
- L’immersion sensorielle (vue, odorat, toucher, ouïe) favorise la détente musculaire, la pleine conscience, la récupération nerveuse et la gestion émotionnelle.
Limites et précautions
- Certaines critiques soulignent que les premiers essais cliniques avaient de petits effectifs, mais la multiplication des études randomisées et méta-analyses récentes renforcent la robustesse scientifique du sujet.
- Des risques existent pour les personnes allergiques à certaines mousses ou lichens sur les arbres, ou en cas de contact avec des espèces animales (chenilles urticantes, tiques…).
Références scientifiques clés
- Qiu Q, Yang L, He Mei, et al. « Les effets de la thérapie forestière sur la tension artérielle et les niveaux de cortisol salivaire des citadins : une méta-analyse », Int J Environ Res Public Health. 2022;20:458.
- Méta-analyse (2024) sur les effets psychologiques et physiologiques des bains de forêt, basée sur 85 études internationales.
- Étude japonaise 2022, journal Nature : effet démontré de la marche en forêt sur la régulation du stress via imagerie cérébrale.
En résumé, la littérature scientifique actuelle valide un effet bénéfique mesurable de la sylvothérapie sur la réduction du stress, l’amélioration de la tension artérielle, la stimulation de l’immunité, surtout pour les personnes vivant en milieu urbain.
Toutes les sourcesVoir la page de Serge Mang-Joubert
La principale source est « Shinrin-yoku, l’art et la science du Bain de forêt », du Dr Qing Li (First Editions)
Pour la Science, Hors Série « La révolution végétale, de la neurobiologie des plantes à la sylvothérapie », déc. 2018
www.natureandforesttherapy.org/about/science
Ecole Centrale Lyon : Programme Executive Certificate « Leader Inspirant », cours de Marion Trousselard, chercheuse en neuroscience sur les Post-Traumatic Syndrom Depressive (PTSD), médecin chef des armées
[1] Sylvothérapie https://fr.wikipedia.org/wiki/Sylvoth%C3%A9rapie
[2] Les bienfaits de la sylvothérapie - Payot
[3] La sylvothérapie peut réduire la tension artérielle et le stress ...
[4] Sylvothérapie : des bienfaits insoupçonnés sur la santé
[5] Profiter de l'automne pour s'initier aux bienfaits de la ... - Isupnat
[6] Sylvothérapie : bienfaits, activités et conseils en forêt
[7] Sylvothérapie : prudence avant d'enlacer un arbre
[8] Thérapie par les arbres : 5 bénéfices pour le corps et l'esprit
[9] Entre maux et forêts, la sylvothérapie
[10] une reconnexion à la nature aux multiples bienfaits
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