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Médecines du monde Vieilles comme l'humanité

Sur les continents


Que sont les “médecines du monde” ? Des systèmes de soins très anciens utilisés sur les différents continents : ils s'exercent aujourd’hui encore en Afrique, en Océanie, en Asie et dans les Amériques selon les traditions culturelles respectives. Ancestraux, ils plongent leurs racines dans les cosmogonies traditionnelles et donnent la part belle à la dimension sacrée de l'existence. Holistiques, ils se penchent sur la relation entre l'être humain et l'univers.

Chacune de ces médecines témoigne d'une perception du monde particulière, propre à la culture dans laquelle elle s’inscrit.

En Europe


La médecine traditionnelle en Europe a très tôt connu une histoire semée d'embûches, pour finir par reculer dans l’ombre pendant le siècle des Lumières et être définitivement éclipsée par la médecine moderne. En un mot, l'impact de la révolution industrielle, scientifique et technique a été fatal au système de soin ancestral européen.

La médecine moderne et la chimie pharmaceutique sont devenues médecine conventionnelle, c’est-à-dire l’unique officiellement reconnue sur les territoires européens et occidentaux.

La médecine occidentale conventionnelle a été portée sur les autres continents pendant la période de colonisation issue de l'Europe. De nos jours, elle s'est généralisée dans le monde entier où elle est utilisée en parallèle aux systèmes de soins traditionnels - et parfois même en partenariat harmonieux.

Qu'est devenue la médecine traditionnelle en Europe ?


L’héritage de nos traditions s’est amoindri et il se transmet dans un cadre privé de plus en plus raréfié. Ce sont les remèdes “de bonne femme”, la médecine “de grand-mère” et les dons de guérisseurs /magnétiseurs /rebouteux /coupeurs de feu que l’on trouve dans nos campagnes.

On retrouve aussi partie de notre art médical ancestral européen dans le savant métier d’herboriste, dont la reconnaissance officielle est un sujet historique et sensible en France.

Il est notable que l’impact de la révolution industrielle et scientifique ait eu une moindre mesure en Islande et dans les pays du nord de l’Europe. Ces pays gardent aujourd’hui une trace primitive collective plus profondément respectueuse des usages ancestraux.

Un peu d’histoire


D’un point de vue contextuel large, les populations européennes ont une histoire bousculée par le changement. Dès le paléolithique, ce sont des millénaires de succession de crises, métissages et mutations profondes. Les vagues de climat difficile, de migrations massives, de grandes famines et de colonisations brutales ont compliqué l'implantation profonde d’une culture primitive, fragilisé la résistance des racines culturelles et fournit un terrain à la recherche continue de ”progrès”.

D’un point de vue contextuel plus récent, quand la vision rationnelle et scientifique a imposé son approche technique et utilitaire du monde dès la fin du 16ème siècle, l'approche ancestrale de la santé qui avait fait son chemin jusque-là était déjà combattue par l’Inquisition depuis près de 400 ans. Avant l’Inquisition pourtant, les papes faisaient usage de l’art médical ancestral. La religieuse allemande Hildegarde de Bingen (1098-1179) est peut-être l’une des dernières héritières et praticiennes connues de cet art médical européen dans son intégralité pleine et entière, avant que l'Inquisition n’en considère les pratiques et croyances comme hérétiques. Hildegarde de Bingen a laissé de nombreux ouvrages et compositions musicales derrière elle.

Que puis-je en attendre ?


Une approche holistique complémentaire


L'approche traditionnelle de la santé se soucie de la complexité de l'être humain sur tous les plans de l'être (physique, émotionnel, mental, social et spirituel). C’est une approche humaine qui met l'accent sur l'unicité de chacun-e de nous.

En effet, les systèmes de soins traditionnels se centrent sur la personne, à la différence de la médecine moderne occidentale qui centre son intérêt sur l'élimination de la maladie, et cherche la cause directe à un symptôme pour éradiquer cette maladie à l'aide de moyens techniques et de traitement médicamenteux allopathiques.

Spécialistes de la prévention, les systèmes de soins traditionnels sont porteurs d’un mode de vie éthique et sain. Ils partent du principe que tout est en relation dans le grand macrocosme de l'univers : la pleine santé d'un individu est un état d'équilibre harmonieux dans ce macrocosme, et la maladie un signe de rupture de l'équilibre, une disharmonie. Pour la soigner, il est nécessaire d’en identifier les raisons.

C'est pourquoi ils étudient le contexte dans lequel le ou les troubles sont apparus, et cherchent aussi le sens à donner à la maladie en étudiant les spécificités propres à la personne. La guérison n'élimine pas une maladie, elle restaure l'harmonie : guérir, c'est retrouver un équilibre dans sa vie. Dans son sens absolu, la guérison est un art de vivre.

La personne dans ses relations à un ensemble plus vaste


Les médecines du monde sont des systèmes thérapeutiques complexes. Elles sont enracinées dans des philosophies de sagesse universelle. Elles s'appuient sur un vaste champ de connaissances et combinent un ensemble de branches complémentaires dans les types de soins apportés. Enfin, elles s'intéressent au vécu et à l'expérience de la personne dans son environnement, ce qui demande une connaissance fine de l'être humain. C'est pourquoi elles s'appuient d'abord sur une évaluation complète détaillée en observant toutes les caractéristiques de la personne : les manifestations de ses troubles mais aussi son terrain, ses relations familiales et sociales, son alimentation, ses comportements, ses émotions, ses croyances et sa spiritualité, son mode de vie (sommeil, activités physiques, loisirs, travail, habitudes et horaires), le climat dans lequel il vit, etc...

Des médecines élaborées


Visant essentiellement une action progressive pour un rééquilibrage de fond et utilisant des thérapeutiques intégratives et naturelles, ces médecines sont dites douces mais elles n'en sont pas moins efficaces. Pointues, elles sont élaborées, demandent des compétences approfondies au praticien et exigent une formation longue sur plusieurs années pour être exercées correctement. Parfois elles s'exercent dans le cadre exclusif d'une vocation impliquant un apprentissage au quotidien par transmission directe et un parcours de vie qui y est entièrement dédié : c'est le cas du chamanisme.

Les médecines du monde sont particulièrement adaptées aux populations des cultures dont elles sont issues et continuent d'être très actives sur leurs continents respectifs.

Une approche accueillie en Occident


Il est possible et de plus en plus courant pour les occidentaux de se faire traiter par ces médecines traditionnelles. Elles sont considérées comme appartenant aux médecines alternatives, médecines douces ou médecines complémentaires qui connaissent actuellement un vent de renouveau aux côtés de la médecine conventionnelle.

Une certaine prudence est nécessaire cependant. D'abord bien nous assurer des compétences réelles du praticien. Quel que soit le type de médecine, une pratique de soin ou un soin n’est pas à prendre à la légère. Ensuite, il faut savoir que ces médecines à forte identité territoriale et culturelle peuvent ne pas nous correspondre. Tout n’est pas adapté à notre nature. Par exemple, la pharmacopée exogène peut ne pas être adaptée voire être nocive à notre physiologie, un soin sur le plan émotionnel être contraire à notre psyché, ou sur le plan spirituel à notre adhésion de croyance. Enfin il est indispensable d'informer notre médecin traitant de tout suivi complémentaire.

Un cadre de soins hybride pour la médecine du futur ?


Aujourd’hui l'intérêt pour les médecines premières renaît en Occident. Il croît chez le public, mais aussi dans les milieux scientifiques - les États-Unis consacrent depuis quelques temps une partie du budget de leurs recherches scientifiques aux études sur la médecine ayurvédique indienne. Si de telles études sont encore rarissime en Occident, les thérapeutiques du monde font l'objet d'études scientifiques sur leurs propres terres. Les systèmes de l'Ayurvéda et de la Médecine Traditionnelle Chinoise sont les plus documentées scientifiquement du fait de leur large étendue temporelle et géographique.

Dans une société toujours plus technologique, spécialisée et indifférente, il n’est pas étonnant d’éprouver le désir ou la nécessité de se tourner vers les médecines traditionnelles : elles répondent aux besoins de prise en compte de notre entière humanité, nous permettant aussi de redevenir sujet et acteur de notre santé.

De ce fait, elles offrent des possibilités d'approcher la santé de manière innovante en créant le dialogue avec la médecine conventionnelle occidentale. Institutionnaliser un tel dialogue permettrait de créer une médecine hybride capable de potentialiser la prise en charge des patients en mutualisant les points forts et en compensant les faiblesses de chacune des deux approches.

Quelles sont les principales médecines du monde ?


Fruits des dynamiques culturelles de notre histoire commune, les médecines du monde -médecine occidentale moderne comprise- sont étroitement liées les unes aux autres dans leurs métissages comme dans leurs spécifications. Et si chaque subculture est particulière, elle s’inscrit avant tout dans une vaste identité culturelle commune telle que le chamanisme, les médecines africaines, les médecines arabes, les systèmes de philosophies asiatiques, la Médecine Traditionnelle Chinoise et l’Ayurvéda, les médecines sud, centre et nord-amérindiennes, la médecine des peuples océaniques. Il existe cependant des médecines particulièrement remarquables par leurs spécificités : la médecine tibétaine, la médecine philippine, la médecine indonésienne et balinaise, la médecine inuite, la médecine malgache, la médecine réunionnaise. En Europe la médecine selon Hildegarde de Bingen et la médecine celtique dite “médecine druidique” réapparaissent discrètement, Phoenix semblant renaître de leurs cendres.

Cadre légal en France : toute personne qui prend part à l’établissement d’un diagnostic ou d’un traitement de maladies, réelles ou supposées, par acte personnel, consultations verbales ou écrites sans être médecin - ou hors de sa sphère de compétences pour les chirurgiens-dentistes, les sages-femmes et les biologistes-médicaux - exerce illégalement la médecine. Des sanctions (2 ans d’emprisonnement et 30 000 euros d’amende) sont encourues pour l’exercice illégal de la profession de médecin, de chirurgien-dentiste, de sage-femme ou de biologiste-médical. (Articles L.4161-1 et L.4161-5 du code de la santé publique).


Bibliographie


Claudine Brelet, "Médecines du monde”, Ed. Robert Laffont, 2002.
wikipedia.org
solidarites-sante.gouv.fr