RAINER MARIA RILKE, LE POÈTE MYSTIQUE

Rainer Maria Rilke, le poète mystique
Daniel Reche / Pixabay
" Nous sommes les abeilles de l'univers. Nous butinons éperdument le miel du visible pour l'accumuler dans la grande ruche d'or de l'invisible. "
Rainer Maria RILKE

Rainer Maria Rilke est un écrivain et poète autrichien né à Prague en République tchèque en 1875.
Vivant à Paris en intermittence, c'est un homme qui a voyagé durant toute sa vie en Europe, en Russie, en Afrique du Nord avant de s'installer en Suisse pour soigner une leucémie dont il mourra en 1926. C'est un homme qui prête attention à l'humanité. C'est aussi un grand amoureux, un homme qui a beaucoup aimé et été aimé, et qui a partagé plusieurs relations amoureuses passionnées au fil de sa vie, dans des relations souvent non-conventionnelles avec des femmes artistes atypiques et parfois d'une grande différence d'âge.
Son oeuvre foisonnante et lyrique est complète : poésie, roman, nouvelles, pièces de théâtre, essais et correspondances. Son oeuvre la plus connue est probablement "Lettres à un jeune poète" : un « véritable guide spirituel » comme le mentionne la réédition chez Grasset en 1987.


C'est presque l'invisible qui luit


C'est presque l'invisible qui luit
au-dessus de la pente ailée ;
il reste un peu d'une claire nuit
à ce jour en argent mêlée.

Vois, la lumière ne pèse point
sur ces obéissants contours
et, là-bas, ces hameaux, d'être loin,
quelqu'un les console toujours.

Rainer Maria Rilke, Les quatrains valaisans


Été : être pour quelques jours


Été : être pour quelques jours
le contemporain des roses ;
respirer ce qui flotte autour
de leurs âmes écloses.

Faire de chacune qui se meurt
une confidente,
et survivre à cette soeur
en d'autres roses absente.

Rainer Maria Rilke, Les roses


La déesse


Au midi vide qui dort
combien de fois elle passe,
sans laisser à la terrasse
le moindre soupçon d'un corps.

Mais si la nature la sent,
l'habitude de l'invisible
rend une clarté terrible
à son doux contour apparent.

Rainer Maria Rilke, Vergers


Petite cascade


Nymphe, se revêtant toujours
de ce qui la dénude,
que ton corps s'exalte pour
l'onde ronde et rude.

Sans repos tu changes d'habit,
même de chevelure ;
derrière tant de fuite, ta vie
reste présence pure.

Rainer Maria Rilke, Les quatrains valaisans


Les tours


Les tours, les chaumières, les murs,
même ce sol qu'on désigne
au bonheur de la vigne,
ont le caractère dur.

Mais la lumière qui prêche
douceur à cette austérité
fait une surface de pêche
à toutes ces choses comblées.

Rainer Maria Rilke, Les quatrains valaisans


Sur le soupir de l'amie


Sur le soupir de l'amie
toute la nuit se soulève,
une caresse brève
parcourt le ciel ébloui.

C'est comme si dans l'univers
une force élémentaire
redevenait la mère
de tout amour qui se perd.

Rainer Maria Rilke, Vergers


Si l'on chante un dieu


Si l'on chante un dieu,
ce dieu vous rend son silence.
Nul de nous ne s'avance
que vers un dieu silencieux.

Cet imperceptible échange
qui nous fait frémir,
devient l'héritage d'un ange
sans nous appartenir.

Rainer Maria Rilke, Vergers


Comment encore reconnaître


Comment encore reconnaître
ce que fut la douce vie ?
En contemplant peut-être
dans ma paume l'imagerie

de ces lignes et de ces rides
que l'on entretient
en fermant sur le vide
cette main de rien.

Rainer Maria Rilke, Vergers


Ô nostalgie des lieux


Ô nostalgie des lieux qui n'étaient point
assez aimés à l'heure passagère,
que je voudrais leur rendre de loin
le geste oublié, l'action supplémentaire !

Revenir sur mes pas, refaire doucement
- et cette fois, seul - tel voyage,
rester à la fontaine davantage,
toucher cet arbre, caresser ce banc ...

Monter à la chapelle solitaire
que tout le monde dit sans intérêt ;
pousser la grille de ce cimetière,
se taire avec lui qui tant se tait.

Car n'est-ce pas le temps où il importe
de prendre un contact subtil et pieux ?
Tel était fort, c'est que la terre est forte ;
et tel se plaint : c'est qu'on la connaît peu.

Rainer Maria Rilke, Vergers


Notre avant-dernier mot


Notre avant-dernier mot
serait un mot de misère,
mais devant la conscience-mère
le tout dernier sera beau.

Car il faudra qu'on résume
tous les efforts d'un désir
qu'aucun goût d'amertume
ne saurait contenir.

Rainer Maria Rilke, Vergers

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Genre : Portrait

Tag : Blog pratiques artistiques

Source : www.eternels-eclairs.fr

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