Essai pédagogique
"L’enfant surdoué : une proposition pédagogique", de Jean-Daniel Nordmann (Suisse, Editions Infolio, 2010).
Quelle pédagogie de l’apprentissage pour les enfants à Haut Potentiel Intellectuel ?
Se sentant seuls face au dysfonctionnement du monde, conscient de leur fragilité, et déçus par l’école qui ne répond pas à leurs attentes, les enfants précoces sont souvent en échec. Comment retrouver l’étonnement pour ces enfants désenchantés ?
Dans cet ouvrage, Jean-Daniel Nordmann rend compte d'une expérience de treize ans dans une école où la pédagogie repose sur 3 piliers : une pédagogie personnalisée, pensée pour les enfants à Haut Potentiel Intellectuel -les HPI, terminologie de l'auteur-, et basée sur la « gestion mentale ».
Tout le long, l’auteur met en parallèle :
Le contexte
La surdouance n’est pas une pathologie. A cause d’un environnement inadapté et face à un refus de reconnaissance, la surdouance se transforme en problème. L’enfant en souffrance retourne son intelligence contre lui-même, développant troubles et stratégies de dissimulation de sa différence.
L’origine de la pédagogie
L'école de la Garanderie a été créée en Suisse pour des enfants HPI. La pédagogie mise en œuvre utilise la notion de « gestion mentale » du philosophe et pédagogue Antoine de la Garanderie (1922-2010), associé au projet. Refusant l’explication par le « don », il se demandait comment on fait pour apprendre efficacement. La théorie pédagogique des « gestes mentaux d’apprentissage » identifie les procédés que l’on met spontanément en œuvre (attention, mémorisation, compréhension, réflexion, imagination créatrice…) et les perceptions organisatrices principales, pour apprendre à apprendre.
Les caractéristiques de cet enfant en matière d’apprentissage
L'auteur conseille aux parents d’apporter un cadre stabilisant, de beaucoup dialoguer, et de veiller aux nourritures intellectuelles. Très vulnérable, « Le surdoué /…/ devrait être, plus qu’un autre enfant, protégé d’un accès massif et précoce à ces réalités » violentes du monde (p.102.).
Pourquoi une école spécifique ?
Pour l'auteur, les autres solutions sont des pis-aller. Ces enfants ont besoin d’une pédagogie de la proposition. Dans une école spécifique, leur rythme et leur besoin de challenge sont respectés, et ils n’ont pas à subir leur différence.
Propositions
Comment les politiques éducatives peuvent-elles intégrer les différences sans enjoindre à se fondre dans la norme ? En offrant le choix d’une pluralité d’éducation. La réflexion sur la surdouance peut-elle lancer une réflexion de fond sur le système éducatif en son entier ? Jean-Daniel Nordmann estime le projet pédagogique de la Garanderie transposable. La « gestion mentale » peut servir de « système d’exploitation », pour apprendre à apprendre, devenir son propre pédagogue.
Conclusion
Les enfants surdoués sont une « force fragile » qui demande à être bien accompagnée. L’auteur réussit un tour de force en traitant avec pragmatisme la globalité d’une question complexe : son essai peut-être vu comme un manuel. En France, l’Education Nationale ne s’intéresse aux surdoués que depuis 2009, mais dans de nombreux pays du monde, le besoin d’une pédagogie particulière pour ces enfants est reconnu, étudié et appliqué depuis longtemps.
Qui est l'auteur ?
Recteur d’un collège, puis directeur d’une école, Jean-Daniel Nordmann fonde en 1997 une école destinée aux enfants surdoués. Pendant 10 ans, il exerce aussi la fonction de directeur général adjoint d’une O.N.G., l’Organisation Internationale pour le Droit à l’Education et la Liberté de l’enseignement.
Madeleine
Co-fondatrice d'Intentionné
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