2 DEGRÉS AVANT LA FIN DU MONDE - DOMINIQUE BOURG

2 degrés avant la fin du monde - Dominique Bourg
Le drame des questions environnementales, c'est que les difficultés auxquelles nous sommes confrontés aujourd'hui, on ne peut pas les percevoir avec nos sens.

Qu'on ait perdu la moitié des mammifères, des oiseaux, des poissons entre 1970 et 2010, je ne peux pas le savoir. Que le rythme d'érosion de la biodiversité s'accélère, je ne peux pas le savoir. Nos sens ne nous disent rien sur les problèmes d'environnement et c'est sans doute l'une des raisons pour lesquelles on réagit aussi peu. On a tendance a réagir et à se bouger quand on est confronté à un danger immédiat qu'on perçoit bien avec nos sens. Mais ce n'est pas le cas avec l'environnement. Si je n'étais pas né, ça ne changerait rien. Donc comment puis-je me sentir responsable ? Puisque si je n'avais pas existé, la situation serait la même. C'est aussi ça le piège environnemental.

Nous avons produit des difficultés auxquelles l'évolution ne nous a absolument pas préparés à réagir. Le fondement du contrat social, c'est que chacun puisse produire tranquillement, le plus possible et ensuite jouir tranquillement le plus possible des fruits de sa production. On s'est mis à penser que le seul moyen d'accomplir son humanité, de la développer, c'était de consommer. Et ça a très très bien marché. Aujourd'hui, et bien... ça marche beaucoup moins bien.

Quand on parle d'économie, quand on parle de gestion, quand on parle de construction, quand on parle d'agriculture, cela a un impact sur le système terre. Donc on ne peut plus séparer les questions comme on le faisait. On ne peut plus séparer la société. On ne peut plus séparer la nature. Et on va devoir faire de la politique autrement. La politique ça ne pourra plus être les petits intérêts des uns contre les autres. Pour que nos structures politiques soient à même de répondre, Il faudrait qu'elles soient capable d'imposer aux grandes multinationales -notamment qui exploitent le pétrole, comme le demande le GEC- de laisser 80 % des fossiles accessibles sur le sol. Si on les laisse, c'est à peu près 30 000 milliards d'actifs qui disparaissent du jour au lendemain,.

Ça fait une trentaine d'années, disons quatre décennies pratiquement que nos systèmes politiques ont réduit la fonction de l'État à un facilitateur du commerce international. Comment voulez-vous qu'un facilitateur du commerce international prenne à bras-le-corps ces questions climatiques ? Regardez, en même temps que l'on prétend négocier la COP 21 et le changement climatique à Paris, on fait tout pour accroître les échanges entre les deux rives de l'Atlantique (CETA), alors que c'est totalement contradictoire avec la lutte réelle contre le changement climatique. On va continuer, on va avoir des difficultés de plus en plus lourdes. Finalement la petite minorité de la société qui pose les vraies questions finira par se faire entendre. Et de façon plus large, on sera bien obligé de reposer des questions fondamentales : Qu'est-ce être Homme ? Qu'est-ce que vivre ensemble ? Qu'est-ce que la justice ? On sera bien obligé de se reposer des questions. Il fallait produire, changer le monde. Peut-être qu'il faudra réapprendre aussi à le contempler.

Il y a une multiplicité d'initiatives ; des villes en transition, des écovillages, des fermes écolos, il y a énormément d'acteurs qui entreprennent des expériences de ce genre là. Il y a même une espèce d'ébullition aujourd'hui. Une des valeurs qui a le vent poupe dans ces milieux, c'est une forme de sobriété volontaire. C'est assez étonnant mais on voit bien qu'il y a une vague de fond, même minoritaire. Elle est en train de faire que les gens commencent à voir : effectivement on est à une charnière, on est en train de changer de civilisation. On va bouger, on va glisser et ceux qui tiennent à l'ancien monde, alors eux, ils vont employer tous les moyens pour qu'on ne parvienne pas à changer ce monde.

Voir le documentaire : 2 degrés avant la fin du monde

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Genre : Interview

Tag : Blog connaissance de la nature

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